Le CBD : Un complément efficace dans le traitement et la gestion de la douleur

femme douleurs au dos

Dans le cadre de nombreuses maladies, infections, déficiences, opérations ou encore accidents, l’un des symptômes principaux associé est la douleur. Celle-ci peut se manifester de manières bien différentes, on parle alors de douleur d’apparition soudaine dite « aiguë » ou « de nature chronique » qui dure dans le temps, localisée ou étendue, mais également vive ou diffuse. Elle provient très majoritairement de l’excitation des nerfs lors d’une lésion tissulaire réelle ou potentielle mais peut aussi dans certains cas, plus rares, provenir d’un trouble psychique.

On distingue quatre grands groupes de douleurs physiques (1) :

  • Les douleurs inflammatoires, provoquées par l’inflammation d’un tissu
  • Les douleurs neuropathiques, provoquées par une atteinte du système nerveux périphérique ou central
  • Les douleurs mixtes qui sont l’association des deux précédentes
  • Les douleurs nociplastiques, provoquées par un dysfonctionnement de la nociception, c’est-à-dire un fonctionnement altéré de notre système
    de détection de la douleur (fibromyalgie, céphalée chronique, MICI…)

En France, environ 30% de la population adulte souffre de douleurs chroniques associées à l’une de ces quatre classes. Ces douleurs sont pour les deux tiers classées de modérées à sévères et augmentent en prévalence avec l’âge (1). À ce jour, la médecine dispose de tout un éventail de solutions pour réprimer cette douleur physique. Malheureusement, il s’agit dans la majorité des cas de molécules opioïdes avec une action efficace sur la douleur mais des effets secondaires lourds et non négligeables comme l’accoutumance, une dépendance forte, des nausées, des vomissements ou encore des lésions au niveau du foie (2).

Aux Etats-Unis, les opiacés prescrits médicalement sont devenus un problème de santé publique. De très larges études ont été réalisées dernièrement afin de savoir si le CBD et les autres cannabinoïdes pourraient limiter l’utilisation des opiacés (3, 4, 5). En effet, les cannabinoïdes et le CBD, (à l’étude depuis la moitié du XIXe siècle), ont pu démontrer différentes propriétés intéressantes. Celles-ci ont pu mettre en évidence des actions du CBD de types anti-inflammatoires, antioxydantes (6), neuroprotectrices (7), analgésiques (8) et immunosuppressives (9). Le CBD, est de plus classé comme une molécule d’usage « sûre » avec peu d’effets secondaires et de nature bénigne par l’OMS.

De par son éventail d’effets, le CBD est une molécule particulièrement intéressante en tant que traitement de phytothérapie naturelle et sans danger dès lors qu’il est utilisé convenablement, (usage médical). Le CBD pourrait alors agir par une action directe sur la douleur, une action indirecte en traitant les causes sous-jacentes de la douleur ou en tant que potentialisateur des effets des molécules opioïdes (comme déjà observé pour d’autres médicaments, dans le cadre de cancers (10, 11)).

Utilisé en action directe, le CBD paraît efficace dans la gestion des douleurs articulaires et chroniques que peut causer l’arthrite (12). Une étude, portant sur un échantillonnage de 2409 personnes, âgées de 24 à 75 ans, a démontré que 62% des participants souffrant d’une pathologie ont été soulagés grâce au CBD et 36% des participants que leur qualité de vie a été améliorée (12). Ces conclusions sont fortement appuyées par d’autres travaux, comme ceux réalisés dans le cadre du soulagement des douleurs liées aux traitements anti-cancéreux ; ceux-ci engendrant des douleurs intenses, des lésions à différents organes et par conséquence une inflammation, qui semblent alors fortement amoindris par l’utilisation de CBD (13). Le docteur et chercheur Kevin Boehnke du Département d’Anesthésiologie et au Centre de recherche sur la douleur chronique et la fatigue de l’Université du Michigan, déclare : « Il est toujours agréable d’avoir un outil supplémentaire dans la boîte à outils, en particulier un outil utilisé depuis des milliers d’années et que les gens savent être relativement sûrs. […] Avec davantage de recherches, les experts pourraient également découvrir que le CBD seul peut réellement soulager la douleur. » (Traduction Anglais-Français).

Outre son action directe, le CBD semble également avoir des actions indirectes sur la douleur, non pas en la soulageant mais en s’attaquant directement à la cause. De par ses propriétés anti-inflammatoires (8), immunosuppressives (9) et neuroprotectrices (7), et en agissant sur le système cannabinoïde endogène (14, 15), le CBD peut alors réduire l’origine même de certaines pathologies dont la cause est auto-immune, nociplastique, dégénérative ou d’origine inflammatoire, engendrant alors une diminution de la douleur. Différentes études ont été réalisées en ce sens et démontrent l’efficacité du CBD. Dans le cadre de la sclérose en plaques, une maladie auto-immune, provoquant des douleurs du type nociplastique, et d’autres maladies d’origine auto-immune, l’action immunosuppressive, neuroprotectrice et anti-inflammatoire du CBD améliore la spasticité musculaire, atténue la neuro-inflammation (16) et ralentit l’évolution de la maladie, conduisant à une réduction réelle de la douleur (17). Le CBD semble également avoir des effets de réduction de la douleur sur un grand nombre de maladies d’origine inflammatoire, neuropathique et mixte.

Les systèmes cannabinoïdes endogènes et opioïdes sont largement distribués et colocalisés dans les régions du système nerveux central et périphérique (18). Cette proximité a suggéré aux chercheurs que les cannabinoïdes, (dont le CBD) et les opiacés pouvaient avoir des actions synergiques (18). Cette action synergique entre les opioïdes et le CBD permettrait de réduire la dose d’opiacé, et donc de réduire leurs effets secondaires et /ou d’allonger leur durée d’utilisation. Une autre étude réalisée en 2013 (19), démontre que chez des singes, la combinaison de CBD et d’opioïde a permis d’améliorer l’efficacité thérapeutique des opioïdes, de réduire leur dose et de diminuer leurs effets secondaires. Des études sur l’homme vont maintenant être réalisées afin de démontrer la même efficacité.

En conclusion, bien que les études soient encore récentes et qu’il faille nécessairement les approfondir, celles-ci présentent le CBD comme une molécule naturelle avec un fort potentiel dans la gestion de la douleur et la réduction des molécules opioïdes, et surtout avec peu d’effets secondaires. De par ses différentes actions et propriétés, le CBD se révèle comme un atout majeur parmi tous les outils disponibles de la pharmacopée et il serait inopportun de s’en priver. D’autres études doivent encore être menées pour mieux comprendre les origines précise des différentes douleurs ainsi que le mode d’action des cannabinoïdes et du CBD en particulier. En attendant le CBD peut néanmoins être utilisé sous avis médical uniquement, en plus des traitements prescrits, pour améliorer la vie quotidienne dans sa lutte contre la douleur.

Dr Lechat Marc-Marie

Docteur en Biologie Moléculaire et Physiologie Cellulaire du Végétal

Références :

1 – Douleur. Un symptôme fréquent, parfois vécue comme une fatalité. 2021. Dossier de l’INSERM : https://www.inserm.fr/dossier/douleur/

2 – PergoliZZI J.V. et al., 2017. The basic pharmacology of opiods informs the opioid discours about misuse ans abuse : a review. Pain Ther. 6 (1) : 1-16.

3 – Campbell G. et al., 2019. Understanding the evidence for medical cannabis and cannabis-based medecines for the treatment of chronic non-cancer pain. European archives of psychiatry and clinical neuroscience 269, 135-144.

4 – Fitzcharles M-A. et al., 2021. Cannabis-based medecines and medical cannabis in the treatment of nociplastic pain. Drugs 81, 2103-2116

5 – Meng H. et al., 2020. Cannabis and cannabinoids in cancer pain management. Current opinion in supportive and palliative care volume 14 – issue 2 – p 87-93.

6 – Nagarkatti P. et al., 2009. Cannabinoids as novel anti-inflammatory drugs. Future Med Chem   1(7) :1333–49

7 – O’Brien K. 2022. Cannabidiol (CBD) in Cancer Management. Cancers (Basel) Feb ; 14(4) : 885.

8 – Zhang H-X. B. et al., 2021. Cannabidiol inhibition of murine primary nocicepteur : tight binding to slow inactivated states of Nav 1.8 channels. J. Neurosci 41 (30) : 6371-6387.

9 – Al-Ghezi Z.Z. et al., 2019. Combination of Cannabinoids, Δ9- Tetrahydrocannabinol and Cannabidiol, Ameliorates Experimental Multiple Sclerosis by Suppressing Neuroinflammation Through Regulation of miRNA-Mediated Signaling Pathways. Front Immunol. 10 : 1921.

10 – Scott K.A. et al., 2017. Anticancer effects of phytocannabinoids used with chemotherapy in leukaemia cells can be improved by altering the sequence of their administration. Int J Oncol 51(1) :369-377.

11 – Neumann-Raizel H. et al., 2019. 2-APB and CBD-Mediated Targeting of Charged Cytotoxic Compounds Into Tumor Cells Suggests the Involvement of TRPV2 Channels. Front Pharmacol 10 : 1198.

12 – Corroon J. et al., 2018. A cross-sectional stuy of cannabidiol users. Cannabis cannabinoid re 3 (1) : 152-161.

13 – O’Brien K. 2022. Cannabidiol (CBD) in Cancer Management. Cancers (Basel) Feb ; 14(4) : 885.

14 – Grotenhermen F. 2006. Les cannabinoides et le système des endocannabinoides, Cannabinoids. 1(1):10-15.

15 – Seris Piccarreta. 2007. Système endocannabinoïde : une nouvelle voie thérapeutique. Sciences pharmaceutiques. dumas-01137946.

16 – Al-Ghezi Z.Z. et al., 2019. Combination of Cannabinoids, Δ9- Tetrahydrocannabinol and Cannabidiol, Ameliorates Experimental Multiple Sclerosis by Suppressing Neuroinflammation Through Regulation of miRNA-Mediated Signaling Pathways. Front Immunol. 10 : 1921.

17 – Nagarkatti P. et al., 2009. Cannabinoids as novel anti- inflammatory drugs. Future Med Chem. 1(7) :133349.

18 – Babalonis S. et al., 2020. Therapeutic potential of opioid/cannabinoid combinations in human : review of the evidence. Eur Neuropsychopharmacol 36 : 206-216.

19 – Maguire D.R. et al., 2013. Interactions between mu-opioid receptor agonists and cannabinoid receptor agonists in rhesus monkeys: antinociception, drug discrimination, and drug self-administration. J Pharmacol Exp Ther, 345(3), 354–362.