CBD en officine : une formation s’impose.

Article issu du Quotidien du Pharmacien, paru le 22/02

Disponible à : https://www.lequotidiendupharmacien.fr/le-cbd-en-officine-une-formation-simpose

plantes de cbd farmabis

Plusieurs médicaments à base de THC, seul ou associé à du CBD, font en France l’objet d’une expérimentation à laquelle participent des pharmaciens volontaires.

Oui aux produits à base de cannabis… À condition de savoir répondre aux questions des patients de plus en plus demandeurs et de pouvoir les conseiller utilement. Donc de se former.

Le premier signalement d’un usage médical du cannabis.

Il se trouve dans un traité de médecine chinoise qui remonte à 2 700 avant notre ère. Plus près de nous, le cannabis a été inscrit à la Pharmacopée française en 1 850 jusqu’à sa suppression en 1947 avec l’arrivée des morphiniques.

Mais, ces dernières années, les graves problèmes d’addiction liés aux prescriptions larga manu d’opioïdes, en particulier aux États-Unis, ont provoqué un regain d‘intérêt pour le cannabis à utiliser en remplacement et aide au sevrage. La découverte du système endocannabinoïde (SEC) dans les années 1990 a également stimulé la recherche.

On est loin de tout savoir sur le SEC.

Mais on sait que sa fonction principale est de préserver l’homéostasie de l’organisme et qu’il est l’un des plus importants systèmes de communication au sein du corps humain : réponse de l’organisme au stress, à la douleur, à l’anxiété, contrôle de l’appétit, de l’activité des cellules immunitaires et de l’inflammation, gestion des émotions, etc. On ne connaît pas non plus les caractéristiques de tous les principes actifs contenus dans le chanvre (plus de 120), appelés phytocannabinoïdes, assimilés par l’organisme par le biais du SEC. Les principaux identifiés sont le THC (tétrahydrocannabinol), considéré comme stupéfiant, le CBD (cannabidiol), psychoactif sans entraîner de dépendance, mais aussi le CBG (cannabigérol), non psychoactif, aux effets anti-inflammatoires et relaxants, et le CBN (cannabinol), également anti-inflammatoire, antiémétique et augmentant l’appétit.

Le THC vient se fixer sur les récepteurs CB1 – qui se trouvent surtout dans le système nerveux central – pour les activer et stimuler le système endocannabinoïde. Et le CBD se fixe sur les récepteurs CB2, principalement situés dans les cellules associées au système immunitaire. Les terpènes et les flavonoïdes contenus dans les fleurs et les feuilles de chanvre ont également des propriétés intéressantes : antalgiques, anti-inflammatoires, antioxydantes, neuroprotectrices…

Interactions médicamenteuses.

Sur la base des études réalisées pour la plupart dans d’autres pays, plusieurs médicaments à base de THC, seul ou associé à du CBD, sont actuellement testés en France dans le cadre d’une expérimentation – à laquelle participent des pharmaciens volontaires – pour soulager les douleurs neuropathiques réfractaires ou liées au cancer, la sclérose en plaques et l’épilepsie sévère.

Le cannabis bien-être ou d’automédication à base de CBD est différent, mais il a aussi un avenir, car il répond à une forte demande. Ses propriétés anti-inflammatoires, antalgiques, anxiolytiques et ses effets décontractants, antistress sont connus. Il est également recherché par les usagers de drogues pour faciliter le sevrage. « Aujourd’hui, les personnes en quête de bien-être ou de soulagement sont obligées de se fournir dans des boutiques de CBD, où elles n’ont ni conseils ni garantie de qualité », déplore René Maarek, pharmacien et addictologue qui a fait partie du groupe d’experts pour définir le cadre de l’expérimentation du cannabis thérapeutique. « Or, s’il n’y a pas de risque d’overdose et de dépendance avec le CBD, il faut connaître les précautions d’emploi, les interactions médicamenteuses et les contre-indications. Le pharmacien, lui, peut poser les bonnes questions au patient : pour quelle raison veut-il prendre un produit à base de CBD (troubles du sommeil, stress, douleurs…) ? Et quels médicaments prend-il par ailleurs ? À partir de là, il est à même d’orienter et de donner des conseils. »

L’initiative Farmabis.

Auparavant, une petite formation comme celle que va proposer prochainement le laboratoire breton Farmabis (voir l’encadré) est cependant souhaitable pour connaître précisément le mode d’action du CBD, ses différences avec le THC, avec quels médicaments il faut éviter de prendre du CBD (carbamazépine, millepertuis, rifampicine…) et avec lesquels il convient d’ajuster les doses en accord avec le médecin. « Par prudence, les interactions et les effets secondaires sont les mêmes que ceux du cannabis médical, car le système endocannabinoïde est différent d’un individu à l’autre. La seule solution est donc un suivi régulier et individuel, en commençant doucement et en augmentant progressivement le dosage en fonction du ressenti du patient, ajoute René Maarek, également formateur. Les contre-indications sont aussi les mêmes que celles du cannabis thérapeutique : grossesse et allaitement, antécédents psychiatriques, insuffisance rénale, hépatique ou cardiaque grave. »